Alors que nous sommes dans la dissolution de la SCI voici un rappel de notre histoire....

Le centre de santé mentale angevin est un établissement public de santé dont le siège principal se situe sur la commune de Sainte-Gemmes-sur-Loire où depuis 1844 est implanté l’établissement hospitalier.

L’organisation de la psychiatrie publique en France repose sur une mise à disposition d’une équipe pluridisciplinaire à l’égard de la population d’un secteur géodémographique donné.

Le cesame dessairvait l’ensemble du département de Maine-et-Loire excepté les arrondissements de Cholet et de Saumur ; cela représente :

  • 7 secteurs de psychiatrie générale,

  • 2 secteurs infanto-juvéniles.

À l’intérieur du centre hospitalier, chaque service dispose d’unités d’hospitalisation à temps complet ou à temps partiel.

À l’extérieur de l’hôpital se sont développés des pôles et des structures de soins diversifiés, des centres médico-psychologiques (cmp), des centres d’accueil thérapeutique à temps partiel (cattp) et des lieux de permanence, dont l’implantation au plus proche du domicile des patients rend plus aisé l’établissement d’une relation thérapeutique et permet d’éviter ou de réduire le séjour à l’hôpital.

Les soins dispensés s’orientent sur un axe de prise en charge individuelle et personnalisée, centrée sur des soins psychothérapiques et chimiothérapiques, et visant une réadaptation dans la communauté. C’est dans ces objectifs qu’ont été créés les clubs thérapeutiques dont l’une des finalités est d’ouvrir les groupes d’activité sur la vie associative de la cité.

Le secteur 2

L’aire géodémographique d’implantation du secteur 2 se situe pour sa partie urbaine dans la zone sud de la ville d’Angers correspondant au quartier de la Roseraie. Elle englobe également la ville de Trélazé à laquelle on peut adjoindre les quelques communes avoisinantes (Andard, Brain-sur-l’Authion, Sarrigné). Sa zone rurale d’implantation correspond principalement aux cantons de Chalonnes-sur-Loire et de Thouarcé, situés entre Loire et Layon au sud de l’agglomération angevine.Le secteur peuplé de 70 744 habitants assemble donc des visages très divers. Trois grandes entités peuvent y être repérées :

  • le quartier de la Roseraie à Angers est un ensemble délimité à partir de 1963 comme zup et apparaît aujourd’hui développé en zone résidentielle, confrontée aux problèmes que connaissent les concentrations urbaines ;

  • Trélazé, célèbre pour l’exploitation de ses ardoisières, a connu pendant plus d’un siècle et jusqu’à l’avènement de la récession économique, les vagues successives de l’immigration ouvrière, bretonne puis portugaise, maghrébine et turque qui en font une cité cosmopolite, marquée par le choc de cultures, une tradition forte de luttes ouvrières et syndicales, une vie associative particulièrement animée et l’impact de la crise économique et du chômage ;

  • autour de Chalonnes et de Thouarcé, petites villes à la structure socioprofessionnelle diversifiée et au commerce actif, deux cantons rassemblent enfin plus d’une vingtaine de communes rurales à tradition le plus souvent viticole.

  • Les clubs thérapeutiques

  • Lentement, nous inventons des articulations en dedans et dedans/dehors. Le secteur se structure en un réseau dense de réunions, des contacts sont pris avec les maisons de retraite, les visites à domicile se développent puis les hospitalisations à temps partiel. Progressivement, nous sommes amenés à déployer notre travail auprès des différents intervenants du champ social et à rencontrer les associations extérieures.

  • En 1974 sont créés dans le cadre de la circulaire de février 1958 un comité hospitalier et le Club thérapeutique de l’avenir, qui peu à peu devient l’instrument essentiel de la transformation du service intra-hospitalier et de l’activité de soins.

  • Cette même année, un groupe d’inter-contrôle psychanalytique est mis en place au sein du secteur. Nous passons petit à petit d’une logique de pavillons d’admissions et de pavillons de chroniques-agités-débiles à une logique d’accueil de la souffrance psychique, soutenue par le maillage du club et par notre investissement dans la cité.

  • En 1976, nous inventons avec le secteur 3, et grâce à la création d’une association départementale Croix-Marine, le foyer de postcure Rocheloire ; puis quelques années après, l’association ouvre son premier appartement associatif (à l’heure actuelle, quinze appartements sont ouverts hébergeant soixante résidents).

Bientôt des permanences s’ouvrent : Trélazé en 1977, la Roseraie en 1978, puis Chalonnes en 1983. Et sur cette logique d’espaces institutionnels extérieurs se greffent de nouveaux clubs. Ainsi naissent :

  • Le Club de la rencontre à la Roseraie (1981) ;

  • Le Club de l’espoir à Chalonnes (1983) ;

  • Le Club de la Pierre-Bleue à Trélazé (1985) ;

  • Le Club de l’amitié à Rocheloire.

  • Ce travail associatif est le prélude à l’ouverture de trois centres d’accueil et de soins de jour : le premier à la Roseraie en 1986, grâce aux liens entretenus entre l’association Croix-Marine d’Anjou et l’office municipal d’hlm Angers-Habitat, le second à Trélazé en 1987 avec le concours du « Toit angevin » et le troisième à Chalonnes en 1995.

  • Parallèlement, au cours de ces années, cinq appartements associatifs, gérés par l’association départementale Croix-Marine d’Anjou, s’implantent sur le secteur et un dispositif d’accueil familial, social et thérapeutique est mis en place.

  • À l’intérieur de l’hôpital, nous passons de quatre pavillons d’hospitalisation à un nouvel espace architectural global avec trois sous-unités de couchage et un espace de vie collective commun. À ce stade de notre évolution, un élément de réflexion apparaît primordial : définir le type de lien qui doit unir le dispositif propre à chaque endroit de l’espace géodémographique avec les autres, soit hospitalier, soit extrahospitalier.

  • La proposition d’un comité non plus hospitalier mais de secteur est alors avancée mais, devant le risque que ce dynamisme de l’extérieur ne fasse que ceux de l’intérieur se retrouvent en situation d’exclus, l’idée d’une fédération des différents clubs thérapeutiques surgit et, depuis 1985, les clubs du secteur 2 louent donc une maison.

  • La Grande Rousselle

  • Cette vieille demeure est devenue un espace commun et partagé, largement investi.

  • Logiquement, elle apparaît comme le lieu de la fédération interclubs, point de nouage entre tous. À La Rousselle nous invitons aussi les enfants du Club des tournesols du secteur de pédopsychiatrie ouest. Ils y viennent chaque semaine, rencontrant des adultes. C’est comme cela que Paul, lorsqu’il a atteint l’âge de seize ans, de pas de côté en pas de côté, a pu passer des Tournesols à La Rencontre. Chaque adhérent, soignant et soigné, peut prendre sa carte d’adhésion dans le club de son choix. Elle prend valeur de carte interclubs, c’est-à-dire qu’elle donne accès aux droits de tous. Chaque année, cette vie associative partagée prend un relief particulier à l’occasion de temps forts qui nous réunissent : le méchoui, la journée « détente » et l’assemblée générale ; par ailleurs, régulièrement, des séjours thérapeutiques interclubs sont organisés. Chacun se mobilise donc pour la vie du club, dans un souci de promouvoir l’accueil, la convivialité, et sous l’aspect économique avec ce principe de réalité qu’il faut trouver de l’argent, comme tiers symbolique, qui fonde la circulation et des relations d’échange. Au fil des années, nous nous sommes organisés sur une toile de fond esquissée en collectifs soignants, colorés par les clubs. C’est-à-dire que le personnel dit soignant répartit son temps de travail et circule entre l’intra et l’extra- hospitalier, susceptible dans cet espace d’être investi. L’inauguration de cette relation transférentielle pourra alors soutenir une relation multiréférentielle, propre à constituer un rapport d’existence, une surface de contact qui tienne et enveloppe, capable pour certains de se substituer à l’hôpital. Le dispositif posé, chacun l’habite singulièrement et collectivement, y avance ses questions, ses propositions, y témoigne de la vie tentant d’en écrire la chronique, pour échapper à une chronicité morbide.

  • Après 17 ans de location, la SCI familiale propriétaire des lieux décide de vendre ; elle nous laisse deux ans pour réfléchir….

  • Nous organisons un référendum au sein du secteur dont le résultat est sans appel : il faut trouver une solution pour acheter La Grande Rousselle et y faire des travaux pour permettre la continuité des prises en charge. En faisant jouer les relations des uns et des autres, nous constituons une SCI de 25 membres qui permettent l’achat de la maison le 20 juin 2003, et dont les locataires sont les 5 clubs thérapeutiques ainsi que l’association culturelle des soignants du secteur 2.

  • Pour continuer à pouvoir payer les loyers et faire des travaux, nous organisons de nombreuses actions culturelles : théâtre, concerts, conférences qui remplissent un double objectif – celui de fournir des fonds financiers à notre projet et permettre aux patients de notre secteur d’investir leur quartier et leur village et d’accéder plus facilement à des actions culturelles dont ils sont si souvent exclus. C’est l’occasion pour notre travail de secteur de se poursuivre en travaillant la représentation sociale de la folie.

  • Expériences et paroles

  • En quoi La Rousselle nous aide-t-elle dans les soins ?

  • Voici ce que les clubs thérapeutiques nous disent :

  • – L’interclub : « La Rousselle, c’est ce qui nous rassemble chaque semaine. Tous les jeudis lors de notre rencontre du bureau interclub, nous partageons ce que chaque club a vécu à La Rousselle. Nous parlons aussi de ce qui manque, de ce qu’il y a à faire… Nous y préparons deux grands événements qui nous réunissent tous à La Rousselle chaque année : la journée de printemps et la journée détente. Tous les adhérents des clubs se mobilisent pendant des mois pour que ces moments de fête soient, pour chacune des 200 personnes qui s’y retrouvent à ces occasions, un temps de rencontre où tout le monde peut prendre place. »

  • – Des soignés du Club de l’avenir : « La première fois que je suis venu à La Rousselle, je me suis dit : qu’est-ce qu’on va s’ennuyer ! Au fil du temps, je me suis aperçu qu’elle était très belle. »

  • « Ça nous permet de prendre un bol d’air ailleurs. On y respire, ça nous fait trop de bien. »

  • « La Rousselle, ça nous met au boulot, ça nous oblige à tous s’y mettre. »

  •  On y est comme chez nous… chez nous tous. Là-bas, on nous amène des plats tout prêts à bouffer. »

  • « Une fois, j’ai vu un infirmier qui était peinard, les pieds sur le bord de l’âtre de la cheminée…. Ses semelles ont fondu, il s’est retrouvé à côté de ses pompes… nous on s’est bien marrés. »

  • « J’ai apprécié d’être en petit groupe, on avait le repas à préparer ensemble. Smaïn a fait un enchaînement de gymnastique… c’était inattendu, j’ai été surpris et impressionné qu’il fasse cela. »

  • « Je me souviens avoir ramassé du bois pour le feu et m’être occupé des poules. »

  • « L’été, je mets les tables dehors, je fais la cuisine pour les infirmiers… là-bas, ils enlèvent leur blouse et ils ne sont pas toujours sur notre dos. »

  • « C’est plus facile d’échanger, c’est plus convivial. »

  • « Si on n’avait plus La Rousselle, c’est pas grave… on referait la même chose ailleurs… »

  • Le Club de l’espoir

  • « La Rousselle, située à la campagne, permet de se détendre, de s’y ressourcer. Il y règne une ambiance chaleureuse, une certaine convivialité, le groupe que nous constituons favorise l’échange grâce à une proximité soignant-soigné que nous apprécions.

  • Le soin débute dès l’inscription et se poursuit tout au long de la journée avec diverses activités discutées par tous.

  • D’autre part, il est important que tous les clubs se retrouvent chaque jeudi pour échanger sur le vécu et le fonctionnement. La Rousselle est également un lieu qui permet de rassembler tout le secteur, ce qui nécessite l’investissement de chaque club. Les cotisations au club ainsi que les manifestations exceptionnelles permettent d’améliorer la qualité des soins. »

  • Le docteur Bonnal, président de la fccts (Fédération des comités hospitaliers et des clubs thérapeutiques)

  • « À cette association loi 1901 est dévolue la répartition entre les différents secteurs et fédérations de l’argent public versé par l’hôpital, dédié à l’animation et aux activités pour les patients hospitalisés. Les réunions mensuelles constituent le seul temps de rencontre entre soignants et soignés de tous les secteurs et sont une occasion de découverte des uns et des autres. C’est ainsi que les différents clubs du secteur 2 ont pu informer les autres secteurs du projet d’achat par une sci (à recrutement large, avec adhésion à ce projet de personnes de la société civile hors psychiatrie) et des travaux en cours.

  • Vous allez vous demander : Quels liens organiques y a-t-il entre la fccts et La Rousselle ? Au sens strict aucun, mais travailler ce lien, en inventer le champ à ouvrir (faire découvrir le caractère original et incongru de cette expérience), c’est ouvrir le possible d’une dimension transversale quitte à paraître quelque peu surréaliste (ce qui est bon signe, dans la ligne de notre vieil ami Lucien Bonnafé), c’est inventer des liaisons aussi impossibles que celle d’une synapse et d’un bloc moteur, c’est créer de la vie dans une époque normée, accréditée “con-formatée” ».

  • Un adhérent du Club de la rencontre

  • « La Grande Rousselle :

  • À l’ombre de tes murs rajeunis

  • Journée détente, journée vacances.

  • Sur les chemins alentour nous cueillons

  • Des mûres qui garniront des tartes.

  • Sur ta pelouse dans les méridiennes

  • Ou à même par terre nous nous reposons.

  • Lorsque le froid se fait sentir, devant

  • L’âtre centenaire, nous nous regroupons

  • Auprès d’un feu de sarments.

  • Journée détente, journée vacances. »

  • Daniel Denis, médecin chef au secteur 2

  • « La décision prise en 1985 par les quatre clubs du secteur 2 de louer une maison à la campagne, La Rousselle, a permis de disposer d’un lieu unique, partagé entre les clubs implantés aux quatre coins du secteur. Tous les jours, des groupes s’y rendent et s’y côtoient au cours de la journée. C’est avant tout une entreprise collective pour les patients et les membres du personnel du secteur. La Rousselle est une bâtisse à rénover donc toujours en chantier, fonctionnant à la fois comme une utopie et comme un ensemble vide, accréditant l’idée qu’on peut y construire quelque chose.

  • La Rousselle a donc d’abord servi de fondation à l’idée de créer une grande fédération regroupant les différents clubs du secteur pour que des liens puissent entre eux s’établir et perdurer.

  • Une commission interclubs, la commission Rousselle, a d’abord été mise en place, organisant la vie collective dans ces locaux. Cette réunion fonctionne toujours de façon hebdomadaire, rassemblant des représentants de tous les clubs. Les réunions se font autour de ces supports d’échanges que représentent les problèmes de vie quotidienne rencontrés dans cet espace, à partir de la nécessité de tenir compte d’un certain nombre de choses essentielles pour que cette maison puisse continuer à rester agréable et habitable : ménage, courses, achat de grain pour les poules, achat de bois pour la cheminée, ramonage, tonte du gazon etc. Chaque club est au cours de cette réunion impliqué dans ces divers niveaux de responsabilisation et les différents rôles afférents à ces tâches sont distribués aux participants qui, le lendemain, font au sein de leur club respectif un compte rendu soigneux des débats et des décisions prises.

  • Dans la suite de cette implantation, une fédération des différents clubs est née en 1988. Elle est organisée autour d’un Bureau interclubs, le bic, qui rassemble des représentants élus de chacun des clubs adhérents (actuellement au nombre de 6 puisque aux quatre clubs du secteur 2, il faut ajouter celui du foyer de postcure et le Club des tournesols, créé dans un service de pédopsychiatrie).

  • Le Bureau interclubs est élu deux fois par an et gère les comptes de la fédération, alimentés par une cotisation versée annuellement par chaque club. Il règle aussi le loyer, le chauffage, le téléphone et autres charges diverses. Il veille au fonctionnement et au bon déroulement d’activités communes aux différents clubs : comme le journal interclubs, les chantiers de travaux qui ont lieu plusieurs fois par an (peinture, maçonnerie, jardinage, ramassage de sarments de vigne), les activités de loisirs (pétanque, repas à thème, pique-nique) ; il organise chaque année, au début de l’été, une journée grillade à La Rousselle, qui rassemble plus de 200 personnes, hospitalisées ou non, parfois ayant quitté l’hôpital depuis plusieurs années, et à l’automne, une journée d’expression créative autour d’un thème préalablement travaillé durant l’été.

  • Depuis 1989, il organise une assemblée générale interclubs. Tous les ans en effet, en fin d’année, le service quasi au grand complet se déplace pour une grande manifestation, à l’invitation d’un club et dans une localité du secteur, où il est accueilli dans les mairies, les salles communales, au centre culturel, ou au restaurant social de ces différentes localités, avec chaque année plus de participants (250 environ). La journée permet un travail en 6 ou 7 petits groupes le matin, autour de thèmes différents, et après un repas pris en commun, l’après-midi est consacré à l’exposé par chacun des clubs de ses réalisations de l’année et à une synthèse-discussion des travaux de la matinée.

  • Enfin, une autre activité importante dans le cadre de l’interclubs concerne aussi l’organisation de nombreux séjours thérapeutiques.

  • L’interclubs, symboliquement inscrit autour de La Rousselle, est donc progressivement devenu le moyen d’articuler toutes ces expériences de vie associative et constitue aujourd’hui un dispositif permettant que l’équipe soignante puisse accompagner les patients dans ces différents lieux, et qu’elle soit en capacité de maintenir ses liens, quels que soient les espaces et les personnes rencontrés, en évitant donc les phénomènes de cloisonnement résultant de notre dispersion géographique dans le secteur. Le concept de fédération garantit le maintien de l’originalité et de la singularité de chacun des clubs et de leurs différences entre eux, de telle sorte que ces différences puissent apparaître comme structurantes. »

  • Patrick Maréchal, isp travaillant en pédo-est

  • Comment ça va tenir ?

  • « La psychiatrie infanto-juvénile est ne fait pas partie des secteurs qui ont organisé leur pratique soignante autour d’un club. Nous avons néanmoins, comme outil, un comité hospitalier, membre de la fédération des comités et des clubs du cesame, avec des élections tous les ans. Chaque unité de soins est représentée par un soignant élu et qui se fait l’écho des questionnements de ses collègues. Les sommes affairées à chaque poste peuvent varier chaque année en fonction du débat et de l’avis de l’ensemble des membres du bureau. L’avis peut être soumis à un vote, s’il n’y a pas accord. Une fois la répartition faite, chaque unité gère son budget pour l’année. Une réunion de la fccts a lieu tous les deux mois et l’assemblée générale annuelle est l’occasion d’exposer un fonctionnement d’atelier, un voyage fait par un club ou autre…

  • C’est ainsi qu’en février, Véronique, infirmière aux soins séquentiels, a pu parler de l’atelier La Fabrique et de sa première production : un épouvantail… Ce qui a provoqué de la part du public présent beaucoup d’applaudissements et surtout ce qui a généré certains projets dans les clubs attentifs à ce que les enfants de la « pédo » produisent… J’ai entendu quelqu’un… l’idée d’une grande exposition d’épouvantails… chaque club ou comité pourrait construire “son” épouvantail… des idées… un désir partagé… Un peu de rêverie à plusieurs… en un mot, du soin. »

  • La Fabrique et l’épouvantail

  • Un petit groupe de quatre garçons entre 10 et 14 ans se retrouve en fin de matinée, le jeudi, avec deux ou trois soignants, toujours les mêmes, et décide de construire un grand épouvantail qu’ils appelleront « Factorus ». Ils décideront dans un premier temps de l’installer dans le parc, en demandant que l’on veille bien sur lui en leur absence puis s’organiseront pour lui offrir des vacances d’été à La Rousselle.

  • La Fabrique… un lieu…

  • Un atelier ressemblant vraiment à un atelier, avec deux gros établis bien lourds, bien collés l’un à l’autre, où on se regarde travailler, des étaux, des outils, une perceuse, une visseuse et un beau bazar d’objets épars… Le bazar fait partie du dispositif ; le bazar, nommé ainsi par les enfants, c’est l’endroit (je devrais dire les endroits) de l’atelier où se dépose au cours des semaines un bric-à-brac d’objets « résiduels » qu’amènent les uns et les autres, en vue d’une éventuelle utilisation dans la création. Nous constatons au cours des derniers mois que la surface de dépôt « mange » un peu trop de surface de fabrication… La seule possibilité pour le groupe de « s’en sortir » sera de créer ensemble… Nous serons parfois tentés par des velléités de rangement que nous freinerons thérapeutiquement : les objets bien rangés et non visibles, dans les placards, risqueraient fort de ne pas être choisis par les enfants pour la construction.

  • La Fabrique… comment ça marche ?

  • Le temps d’atelier est précédé par un temps d’accueil informel dans une pièce différente de celle de l’atelier, lieu-carrefour des différents groupes d’enfants et d’adultes ; un lieu de circulation, d’échanges, de rencontres, très investi par les enfants. C’est un temps « interstitiel » à mon sens très important, où la notion d’ambiance est toujours à discuter et à réfléchir en équipe.

  • Un atelier… trois actes…

  • Un premier temps de discussion, sur des tabourets en cercle… On parle de la séance précédente, histoire d’introduire de la continuité dans la discontinuité… On élabore collectivement le travail à accomplir. On échange sur les moyens de contourner les difficultés d’assemblage pour l’édification de l’épouvantail…

  • Le second temps, le temps de la fabrication matérielle… sans oublier de mettre des mots sur ce que l’on fait ; la parole accompagne le geste et du geste naît de la parole…

  • Le troisième acte, le groupe se pose… retourne sur les tabourets ; on reparle de la construction, on échange sur les difficultés. Parole donnée aux enfants puis aux soignants.

  • Première séquence…

  • Avec les enfants, tout commence le plus souvent par une histoire plus ou moins inventée par les soignés et par des dessins. À la lecture d’une histoire d’épouvantail, Jim ne comprend pas qu’un épouvantail puisse faire peur, car un épouvantail ça ne bouge pas ! Il nous dessine un épouvantail robot, bien solide. David parle lui du vent qui fait bouger l’épouvantail et même le fait s’envoler… un épouvantail oiseau en somme… Gaétan nous fait, lui, un dessin énigmatique, nous y voyons un tronc, quelque chose d’informe. Il ne pourra pas donner un titre à son dessin. Fabien quant à lui est ailleurs, il se tient physiquement en arrière du groupe et il sera difficile de le ramener vers nous…

  • Lors de la reprise, nous retiendrons de cette première séance la difficulté de concevoir un épouvantail sans ses deux jambes… « Sans ses deux jambes, ça peut pas tenir ! » nous dit Fabien ; interrogation sur le cadre, sur la solidité du groupe, sur notre capacité à faire que cela tienne ?

  • La semaine suivante…

  • Les enfants se mettent rapidement au travail ; ils choisissent les matériaux, pour faire, comme ils disent, le squelette, ils assemblent des grosses branches avec du fil de fer ; le groupe ferraille au sol l’axe du futur épouvantail. « Et la tête ? » demande Jim. Ils choisissent de concert une vieille boîte aux lettres, la coincent dans un étau et tapent dessus avec beaucoup d’enthousiasme. Ils décident ensuite de faire des yeux avec de vieilles roues de roller et de la mousse… Mais comment les fixer ? Chacun essaye de trouver une solution… ça discute… ça échange… ça se construit…

  • Gaétan, Jim, David et Fabien

  • Gaétan a dix ans et vit avec son papa et son frère. Sa maman a disparu sans explication, nous dit le papa, pour vivre avec un autre homme. Gaétan entre l’âge de 4 et 5 ans ne reverra plus sa mère. Il présente une hypoplasie cérébelleuse d’origine génétique et son langage est restreint ; il reste très craintif à l’égard de l’adulte, son regard a encore du mal à se poser et il se déplace avec la tête de travers. Il est pris en charge au cmp de Trélazé par une psychomotricienne et une orthophoniste avec un autre enfant. Le démarrage thérapeutique de Gaétan à La Fabrique semble avoir été le moment où il a pu taper sur la tête « boîte aux lettres » de l’épouvantail. Un autre tournant aura été le moment où il lui a donné de sérieux coups de pied. Par la suite, il a pu en prendre soin, interdisant à un autre enfant de faire ce qu’il avait fait précédemment. C’est encore Gaétan qui creusera un grand trou pour y mettre le piquet de soutien et avec beaucoup d’énergie malgré la dureté du sol d’hiver. C’était visiblement très important pour lui et il était aussi important que nous veillions sur l’épouvantail en son absence.

  • im est âgé de 14 ans. Il est issu d’une famille de six enfants en difficulté sociale et psychologique ; le milieu est qualifié de carencé, de « non porteur », sans différenciation entre les adultes et les enfants. Son père frappait sa mère et Jim a connu, tout petit, les mauvais traitements. La maman nous confiera lors d’un entretien : « Jim a vu des choses qu’il n’aurait pas dû voir… » En effet, Jim a vu son père partir en furie, encadré fortement par des policiers suite à une rixe avec les voisins… Il sera suivi, dans un premier temps, au cmp de Trélazé par un psychologue, puis en 2001 et 2002 par l’équipe de soins séquentiels sur le site de La Roche. Il participera au groupe sport du mercredi et à plusieurs séjours thérapeutiques à la mer lors des vacances scolaires. On constatera, à plusieurs reprises, qu’il se fait frapper à l’école ; il arrivera avec de gros bleus et expliquera qu’il se fait traiter de handicapé par les autres enfants de l’école. En septembre dernier, Jim arrive à La Fabrique ; son regard est très particulier et semble se coller à celui de l’adulte. Il se situera le plus souvent en périphérie du groupe et envahira de petites phrases répétitives le temps de la séance – « les petites bêtes… les petites bêtes » – tant et si bien que les autres enfants le réguleront, indisposés par les répétitions incessantes. Lors du séjour de cet été, il demandera des nouvelles de Factorus et tentera de s’organiser pour aller le chercher à La Rousselle et le ramener à La Roche. Nous convenons ensemble, la dernière semaine, de nous rencontrer au cmp une fois par mois sans sa maman ; Jim veut prendre un peu d’autonomie et nous l’encourageons dans ce mouvement.

  • David a 10 ans, il est très inhibé et trop rêveur. C’est du moins ce qu’en dit l’institutrice qui s’inquiète beaucoup à son sujet… À La Fabrique, David acquerra progressivement une force qui jusqu’à présent semblait lui faire défaut. Sa rêverie « prendra corps » et il fera profiter les autres enfants de ses capacités instrumentales, de son intelligence à contourner les difficultés de fabrication. Il deviendra au cours de l’année le véritable moteur créatif du groupe. Il exprimera en quoi cette construction d’un épouvantail lui fait penser à son grand-père, grand jardinier et fin pêcheur, un grand-père dont on ne parle pas ou plus, « mémoire d’enfant frappé au marteau du secret de famille ». En avril, David parlera en classe de la construction de l’épouvantail et de son histoire ; son institutrice sera « scotchée » par son exploit. Celui qui en début d’année n’avait aucune chance de passer en 6e passera haut la main au grand étonnement de tous. En juin dernier, nous proposons à David de nous écrire ou de nous contacter s’il le souhaite. Il a accueilli cette proposition avec un grand sourire et avec un : « C’est vrai ? »… Un parfum d’autonomie…

  • Fabien a 10 ans. C’est un petit garçon au regard triste, inanimé, chétif. Lors du premier entretien, il est collé à son papa, un papa qui présente beaucoup d’angoisse et une maman qui « houspille » le papa. La première maison en Lego, faite avec moi lors du temps d’accueil, a été une maison sans porte et sans fenêtre. Pas facile d’y habiter… Il fait maintenant une porte et une fenêtre… ça semble circuler un peu mieux… Fabien a eu beaucoup de mal à se fabriquer une place dans le groupe et semble répéter ce qui se passe à la maison. Il est situé très souvent en retrait, les mains calées au fond des poches et il était très en difficulté quand il s’agissait d’utiliser un outil… Il est néanmoins très critique à l’égard des autres… Il ne viendra pas à deux séances : Fabien était malade avant de venir. Ce sera l’occasion de reparler de ses difficultés avec ses parents, il reviendra et s’investira beaucoup plus et trouvera sa place… Il participera cette année au groupe « nature et gourmandise » du mercredi, ainsi il ne loupera pas les cours et ça rassure papa…

  • Pour vous parler de La Fabrique et de son épouvantail

  • Catherine, infirmière des soins séquentiels ne participant pas à cet atelier, écrit :

  • « On y a déposé des vêtements, du métal, du tissu et toutes sortes d’objets hétéroclites. Certains adultes entrent, sortent, des enfants les suivent avec plaisir… Les marteaux martèlent, les tissus craquent, la scie ronronne, les rires fusent, les portes claquent… Nous on entend mais il n’est pas permis d’y entrer ! C’est un secret ! Il est gardé jalousement par les enfants. “Vous allez voir !” nous disent-ils…

  • “On prépare quelque chose de beau, de grand !” J’attends, j’écoute. Je finirais par être impatiente ! Leur objectif semble atteint en ce qui me concerne : je suis en effet curieuse de découvrir ce qui se passe là-bas, dans ce fameux repaire…

  • Le grand jour arrive ! L’équipe d’enfants et d’adultes sort pour nous présenter un nouveau personnage prénommé Factorus. Le bonhomme majestueux semble se déplacer seul ; il est solide, coloré, bien présent et va se planter dans le parc. Il est même composé d’un mobile qui devient musical dans la brise. Il est tellement présent qu’il est facile d’oublier son identité d‘épouvantail. Il semble être le gardien du parc, solide comme un roc, sécurisant par sa taille et ses couleurs. Il se laisse approcher. Il est possible de le toucher – fer, boutons, plastique, tissu… un vrai bonheur pour les yeux et les mains. Factorus est bien parmi nous, il fait partie du site. Et puis, après quelques mois, il déménage… La place est alors bien vide, je me surprends à le chercher. Sa place sera occupée par un autre, mais celui-ci me paraît fade… C’est clair, Factorus doit revenir. Sa place est parmi nous ! »

  • Marie-Christine, cadre de santé, écrit :

  • « L’épouvantail, il nous a bien fait parler… “Nous allons faire un épouvantail ! Il va nous faire peur ! Pas à nous… aux autres… Aux intrus sur notre territoire.” C’est bien là sa fonction première, épouvanter ceux qui viendraient nous perturber… Nos peurs nos angoisses… il doit les faire fuir ou les empêcher de s’approcher. Pour faire peur, il doit refléter nos peurs. Il ne doit pas être gentil pour nous protéger. S’il part en vacances, il ne devient plus qu’un objet, car pour ceux qui l’accueillent, il ne fait pas peur puisque ce sont nos peurs qu’il combat. »

  • Factorus, un épouvantail qui affiche sa douleur

  • Sa bouche est grande ouverte. Elle semble vouloir crier mais aucun son ne jaillit…

  • Il ne peut, sans doute, rien en dire de sa douleur… Une tête en boîte à lettres, oubliée par la poste, rouillée, abandonnée, qui ne reçoit plus rien, à part les coups. Et pourtant, Factorus nous adresse des messages pour peu que nous ayons la curiosité suffisante d’aller chercher dans ses poches ou tout simplement de bien le regarder. Un épouvantail planté, qui tient et reste debout malgré la tourmente, malgré le risque d’effondrement… Factorus a eu et a encore la belle fonction d’accumulateur de signes et celle de facteur de liens avec les grands… Il a été aussi je crois, un très bel instrument d’aide à grandir quand même…

  • Pierre Delion rappelle, dans ses articles sur les trois fonctions « phorique, sémaphorique et métaphorique », que pour qu’il y ait signe il faut qu’il y ait un autre qui soit en position de l’accueillir. Nous ne savons pas très bien si les sémaphores (les soignants) des petits laborantins fabricants ont toujours su ou pu le faire, mais nous évoluons, c’est bien d’évoluer…

  • Un épouvantail dans l’institution

  • Fin janvier, le groupe de La Fabrique colle une affichette dans les différents lieux de l’institution, notamment dans la salle d’attente du château. Sur l’affiche, en grosses lettres, une question : « Mais où est l’épouvantail ? » Des parents, des soignants, des parents avec leurs enfants, des visiteurs répondent à l’invitation des enfants à la recherche de l’épouvantail dans le parc de La Roche. Factorus entend les confidences des uns et des autres, il devient le lieu de paroles où l’échange peut se nouer dans l’institution… Les enfants accompagnent leurs parents et leur parlent de leur bonhomme. Depuis, d’autres créatures apparaissent dans le parc et dans les couloirs, comme un remède transitoire à l’ennui, remplaçant les éternelles plantes vertes des couloirs ; sans doute un effet latéral de Factorus.

  • En avril, la fin de l’atelier approche. Comment faire pour ne pas abandonner Factorus dans le parc durant l’été ? La proposition d’un enfant bien entendue par le groupe est de le faire partir en vacances… Et pourquoi pas à La Rousselle ? La semaine suivante, les enfants rédigent un courrier au bureau interclubs et demandent si La Rousselle peut accueillir Factorus. Les élus du Club de l’avenir répondent par un autre courrier, provoquant la surprise chez les enfants. Ils leur proposent de partager un repas et de planter ensemble l’épouvantail. Nous convenons d’un prix symbolique d’un euro. Le groupe de La Fabrique répond et donne des nouvelles des préparatifs de Factorus pour ses vacances..

  • Le 1er juillet, Factorus et sa valise arrivent à la Rousselle avec les enfants. Grands et petits installent l’épouvantail près d’un arbrisseau en s’assurant ensemble de la solidité du pieu de soutien dans une grande convivialité.

  • À la mi-août, Factorus a écrit : il nous racontait ses vacances, il était visiblement très content… Il demandait des nouvelles des enfants. Il va falloir qu’on lui réponde et qu’on organise son retour… Le rêve continue…

  • L’organisation psychotique se manifeste par l’isolement, la passivité, ultime pulsion de mort, la perte des perspectives temporelles, l’absence de limites, la projection du morcellement corporel, l’investissement d’une néoréalité, dont vont témoigner les formes de chronicité de la maladie.

  • Cette symptomatologie, que l’on qualifie de « déficitaire », tient ses effets à la fois de l’aliénation psychopathologique et de l’aliénation sociale, articulation insuffisamment prise en compte dans l’organisation des dispositifs et des institutions nécessaires au soutien et aux soins des patients atteints d’affections d’évolution chronique.

  • En modifiant le cadre de la vie quotidienne et les modalités de vie des personnes handicapées hospitalisées ou soignées sur le secteur, les clubs thérapeutiques permettent d’offrir des conditions privilégiées, adaptées aux particularités de la personnalité du malade, même lorsque la marge d’adaptabilité est étroite, et de lutter efficacement contre l’isolement, le repli, la réjection, qui, conjugués aux mécanismes de défense autistiques à l’œuvre dans la psychose, contribuent à une sédimentation des patients souvent dramatique. De la même façon, la fonction club permet de lutter contre cette tendance naturelle des structures de soins à évoluer vers un cloisonnement et un blocage des systèmes d’échanges générateurs d’effets iatrogènes de ségrégation, d’exclusion ou de pathoplastie au sens de J. Oury.

  • L’outil club offre dans la vie quotidienne de larges possibilités d’investissements et participe, à la condition qu’une liberté de circulation existe, à la création dans un champ thérapeutique d’un espace transférentiel, en dégageant des lieux de rencontre et de convivialité. La fonction club permet que ces personnes, ces objets, ces lieux investis ne soient plus des mondes épars, reflets du morcellement de l’image du corps institutionnel, mais une constellation capable de rassembler ces investissements partiels. Grâce à ce travail de liaison, cette constellation transférentielle tend à impulser un processus de subjectivation – qui permet au patient de soutenir une continuité d’existence – et, articulant le contenu et le discontinu, donne accès à un autre temps, constitutif d’une histoire subjective avec une possibilité d’inscription dans une histoire locale et concrète, en lien avec l’environnement personnel et familial. Il donne ainsi accès à un espace social artificiellement structuré, mais indispensable pour faire passerelle en direction des autres espaces sociaux que sont des associations de la vie du quartier, ou de la commune rurale, ou de la famille.

  • Ce travail de mise en articulation, de mise en mouvement, de passage d’un lieu à un autre ouvre sur des rencontres, sur des oppositions et des conflits, qui témoignent pour chacun des acteurs de l’émergence d’un désir et donnent lieu à la recherche de solutions de médiations nouvelles, propres à bouleverser les habitudes, à contester l’entropie ambiante. En cela, comme le dit J. Oury, le club, fonctionnant comme « opérateur de désordre », remet en cause les relations sociales et les aliénations.

  • Le club puise fondamentalement son efficacité thérapeutique dans cette capacité à maintenir une certaine hétérogénéité, afin de lutter contre l’inertie et les différentes formes de handicaps.

  • Notes

  • Écrit collectif mis en page par PATRICK MARÉCHAL, isp cesame, et JEAN-FRANÇOIS ROBERTI, cadre cesame, Sainte-Gemmes-sur-Loire.

  • Ce travail a été présenté au congrès des Croix-Marine à Vannes en 2004 et a été préparé en collaboration avec la coordination régionale Croix-Marine des Pays-de-Loire.






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